Développé par Giant Sparrow et édité par Annapurna Interactive
What Remains of Edith Finch est un jeu narratif où vous incarnez la sus-nommée Edith, qui revient dans la maison qui l’a vue grandir. La grande batisse familiale, véritable personnage principal de l’aventure, révèle rapidement une particularité propre aux Finch: chaque membre de la famille a une pièce qui lui est consacrée. Certaines étant encore accessibles et d’autres condamnées.
Comment ont-ils eu le permis de construire ?
Vous comprendrez rapidement que les chambres scellées sont celles de ceux qui ont disparu prématurément. C’est là que se révèle l’autre particularité des Finch: ses membres ont la fâcheuse tendance à souffrir d’accidents aussi improbables que funestes. Les chambres des malheureux devenant alors de véritables mausolées figés dans le temps.
La majeure partie du jeu consiste à parcourir les couloirs et les passages cachés de la maison pour en explorer toutes les pièces. Vous serrez dans la peau d’Edith la plupart du temps mais le jeu offre quelques parenthèses dans lesquelles vous revivrez les derniers instants des membres de la lignée. Ces flash-back seront l’occasion de quelques variations de gameplay qui font parfaitement écho à la narration. Vous aurez le droit entre autres expériences à quelques fantaisies comme manipuler un cerf volant qui dessine des textes dans le ciel, feuilleter une BD interactive ou faire danser les jouets d’une baignoire sur une musique de ballet.
Graphiquement le jeu est très beau. Ce n’est pas du photoréalisme mais la direction artistique est assez poussée pour donner une vrai personnalité à la maison et aux pièces qui la composent sans en faire trop. Le design de la maison est totalement fou et colle parfaitement avec la folie de ceux qui l’ont bâti (car oui, on ne construit pas une maison comme ça quand on est sain d’esprit). A noter l’intégration particulièrement créatives des sous titres (le jeu est en anglais mais les textes écrits sont en français). Pour chaque voix off vous verrez apparaître le texte sur un élément du décor avant qu’il s’évapore lentement. Non seulement ça permet de rendre les textes indissociables du jeu mais aussi d’attirer l’attention sur tel ou tel éléments de décors (malin!).
Cette incursion dans la famille Finch n’est pas qu’une suite de fais divers qui finissent mal. C’est aussi et surtout l’occasion de poser des questions sur le deuil. Comment certaines personnes réagissent face à la mort imprévue et injuste ? Si certains l’acceptent (tant bien que mal), d’autre vont chercher à l’expliquer et à justifier les circonstances par une fatalité familiale. Ainsi nous suivons deux points de vue qui s’opposent entre scepticisme et ésotérisme. Bien sûr je vous laisse faire le jeu pour découvrir dans quelle direction s’oriente le jeu.
Pour conclure, le jeu n’est probablement pas à mettre entre toutes les mains. Il n’est pas violent mais le propos est souvent dur. On pourrait lui reprocher d’ailleurs son coté tire-larme digne des meilleurs téléfilms M6, mais ce serait passer à coté de toutes les bonnes choses qu’il offre. Je le conseille donc fortement et si vous avez l’occasion, je vous invite à le faire d’une traite pour renforcer son impact (comptez environ 2h pour le faire entièrement).
J’ai vraiment été charmé par la direction artistique de ce jeu, une véritable gourmandise visuelle. Mais dans mon cas, plus agréable à regarder qu’à jouer. J’ai beaucoup de mal à rentrer dans ces jeux contemplatifs qui prouvent que le jeu peut permettre d’investir un spectateur, dépassant les limites du cinéma, mais qui en tenant trop par la main retire tout le « plaisir de jeu », à mon sens. J’ai eu le même problème avec « Life is Strange » par exemple. Je pense que les bonnes idées sont à prendre dans les jeux tels que la série des « Myst » ; petite perle du genre.