Par quoi commencer?
Faisons un peu de wikipedia:
Terry Pratchett est un écrivain britannique né en 1948 et mort en 2015. Il est principalement connu pour ses romans de fantasy humoristique prenant place dans l’univers du Disque-monde, dans lequel il détourne les canons du genre pour se livrer à une satire de divers aspects de la société contemporaine.
Pratchett publie son premier roman en 1971, mais ce n’est qu’en 1983 qu’il rencontre vraiment le succès avec le premier volume des Annales du Disque-monde. Il devient par la suite l’un des auteurs de fantasy les plus prolifiques et les plus appréciés (ses livres se sont vendus à plus de 65 millions d’exemplaires). Pratchett est ainsi l’auteur britannique le plus vendu des années 1990.
Atteint d’une forme rare de la maladie d’Alzheimer, il milite pendant ses dernières années en faveur du droit au suicide assisté, notamment dans son documentaire Choosing to Die.
Voilà pour le tout-venant.
J’ai croisé la route de Terry Pratchett en 2012 ou 2013, à la gare de Lison, dans la Manche. On échangeait avec mon voisin de train nos avis sur nos livres respectifs. Je ne sais plus ce que je lisais moi-même à ce moment-là. Lui lisait “Le régiment monstrueux”, 29ème tome des annales du Disque Monde. Il m’a tendu son bouquin, j’ai lu les 1ères pages…. et je suis tombée dedans. Mon cher voisin de train m’a conseillé d’acheter les deux premiers tomes, La 8ème couleur et Le 8ème sortilège, afin de voir si la magie faisait effectivement effet sur moi.
J’ai donc acheté les 2 premiers tomes des Annales… puis tous les autres…puis tous les bouquins de Pratchett que je pouvais trouver…La magie a définitivement marché… A toi, illustre inconnu du train Lison-Paris, je voue une reconnaissance éternelle.
Le disque monde est un monde de fantasy burlesque. C’est un monde plat en forme de disque, juché sur le dos de 4 éléphants géants, eux-même posés sur le dos de la grande tortue A’Tuin qui parcourt l’immensité de l’espace.
Le monde est saturé de magie, on y retrouve sorcières et mages qui se partagent la manipulation de cet élément dangereux. La lumière s’y déplace lentement, mollement.
Comme dans tout monde de fantasy, on y rencontre des trolls, elfes, vampires, coffres magiques, dragons, héros solitaires, assassins, baronnes, guerres, etc…. Sauf que dans le cas des Annales, tous les éléments de fantasy sont poussés à l’extrême : homme et femmes nains ont des barbes qui leur tombent aux pieds et ne connaissent que des chansons sur l’or. Les dragons sont des petits êtres dodus soumis au risque constant d’explosion (Dame Sybil parlera de ça mieux que moi). Les mages ont des grandes robes, des grands chapeaux, de gros bourdons, et évitent autant que possible d’utiliser la magie, on ne sait jamais ce qui pourrait arriver. Les elfes sont des êtres malfaisants, puants, et très très méchants. Le Destin vous en veut, beaucoup, tout le temps. La Mort est un squelette avec une cape et une faux, IL a des idées humanistes et est parfois sujet à des questions existentialistes.
Pratchett a le pouvoir incroyable d’éveiller l’imagination: tout ce qui est décrit se visualise très bien, on rentre vraiment dans l’histoire et dans les aventures des protagonistes. L’auteur arrive par exemple à humaniser d’une façon folle un simple bagage de transport, qui se résume pourtant à un coffre en bois posé sur des centaines de petits pieds (best personnage secondaire ever)…
C’est superbement écrit, et superbement traduit (chapeau, M. Couton, vous êtes un grand Monsieur). C’est drôle, c’est fin, c’est triste, c’est subtil, c’est intelligent, poignant, magnifique. Je manque d’adjectifs…
Chaque histoire est indépendante, mais on distingue plusieurs Arcs dans les annales (j’en traiterai certains dans des articles à part).
- Rincevent
- Les Sorcières
- La Mort
- Le Guet
- Les Mages
- Moite von Lipwig
- Autres
Chaque arc peut se lire indépendamment des autres. Personnellement j’ai lu tous les livres dans leur ordre de parution. On retrouve certains personnages principaux d’un arc comme personnages secondaires d’un autre arc. Certains personnages peuvent se retrouver dans quasiment tous les tomes (le patricien, par exemple, le dictateur avisé de la tentaculaire Ankh Morpork…).
Les premiers tomes sont assez légers, on reste dans la fantasy burlesque, c’est toujours très drôle, et ça se lit assez vite. Puis les histoires deviennent plus sombres, avec des critiques acerbes de la société actuelle :
- « Le régiment monstrueux » et « va t’en guerre » sont des analyses froides de la guerre, et traitent en plus de la place des femmes dans celle-ci.
- « Les petits dieux » nous parle des religions et de leur dérives, ainsi que de l’importance de la foi et de la tolérance.
- « Le faucheur » nous trace un portrait à peine exagéré de la société de consommation.
- « Pieds d’argile », « Jeu de nains » et « Coup de tabac » parlent avec une incroyable justesse de tolérance, d’esclavagisme, de racisme.
Quel que soit le ton du livre, il y a toujours de l’humour, avec des phrases choc, que l’on relit en boucle rien que pour le plaisir, comme un bonbon que l’on tourne et retourne sous la langue pour prolonger ce moment sucré. Des mots qui vont si bien ensemble, qui sonnent juste, qui sont un poème à eux seuls.
“On peut pas s’amuser à bâtir un monde meilleur pour les gens. Seuls les gens eux-mêmes peuvent se faire ça. Sinon, c’est qu’une cage”
» Ceux qui se rangeaient dans le camp du Peuple finissaient toujours par être déçus, de toute manière. Ils trouvaient que le Peuple était rarement reconnaissant, élogieux, prévoyant ou obéissant. Le Peuple était souvent étroit d’esprit, conservateur, pas très malin et même méfiant envers l’intelligence. Les enfants de la révolution étaient ainsi confrontés au problème ancestral : on n’avait pas le mauvais type de gouvernement, c’était évident, on avait le mauvais type de peuple. »
J’ai aimé tous ces livres. J’avais l’impression de faire partie des histoires, d’être intime avec les personnages.
J’ai une grande préférence pour l’arc du Guet, et une admiration sans borne pour le personnage de Samuel Vimaire. Viennent ensuite La Mort, Rincevent, et Mémé Ciredutemps.
Je relis ces livres régulièrement, je dois en être à ma 3ème lecture de chaque tome. J’ai eu une ridicule larme (c’est faux, j’ai pleuré comme une madeleine, même si je ne vois pas bien ce que viennent faire là-dedans les madeleines) le jour où j’ai appris la mort de l’auteur : cela signifiait plus d’aventures, plus de découvertes de ces personnages, plus d’histoires.
Ce monde fantastique et plein de possibilités s’est fermé…
Du coup je lis et relis et relis encore. Prochaine étape : les lire en anglais!
J’aime Terry Pratchett. Les Annales du disque monde sont les bouquins que je préfère. Cet auteur a pour moi fait un sans-faute, et je pense que si tout le monde les lisait l’humanité se porterait un tout petit mieux….
Pour info, le dessin mis en avant est un dessin de Boulet, en hommage à l’auteur…