« Nous », ou « Nous autres » dans la précédente édition française, est un roman de l’écrivain russe Ievguéni Zamiatine, écrit en 1920-1921.
D’aucuns disent que ce roman a inspiré, entre autres, « le meilleur du monde », « 1094 », et « un bonheur insoutenable ». Excusez du peu!
« Nous » est en fait le journal d’un home, D-503, qui vit plusieurs siècles dans le futur, dans un état totalitaire qui prétend avoir trouvé la clef du bonheur. Cet état totalitaire a émergé suite a une grande guerre presque totale, qui a causé la mort d’un habitant sur 5 sur la planète. Afin d’éviter le risque d’un nouveau conflit dévastateur, l’état totalitaire régit entièrement la vie des habitants, au moyen d’une table des heures qui dicte aux gens ce qu’ils doivent faire et à quel moment. Ainsi, tout le monde se lève à la même heure, mange à la même heure, mâche le même nombre de bouchées, se balade en rang par 4 aux heures récréatives. Tous les bâtiments sont en verre, permettant à chacun de voir et d’être vu (vous le voyez le Big Brother de 1984 ? ). Les rapports sexuels sont gérés à l’aide de billets roses que l’on demande afin de pouvoir baisser les store de ces fameux appartements tout en verre. Pas de nom pas de prénom, juste des numéros.
Des gardiens assurent la sécurité de chacun : ils patrouillent, infiltrés dans la population, pour éviter toute déviance. La délation est également fortement conseillée, et appréciée.
La nature n’a pas sa place dans ce monde mathématique, elle est cantonnée derrière des murailles de verre, inaccessible.
l’idéal est là où plus rien n’arrive
D-503 écrit son journal afin de décrire son merveilleux mode de vie à de futurs extra-terrestres : l’Etat totalitaire a en effet décidé d’exporter et d’imposer son idée du bonheur au reste de la galaxie, construisant une fusée, l’Intégrale, chargée d’emporter notamment des témoignages, des lettres, des poèmes des hommes.
Au fur et à mesure du récit, suite à sa rencontre avec une femme, nommée I, D-503 commence involontairement à briser certaines règles, ce qui l’amène à s’interroger sur la société dans laquelle il vit, et à la comparer avec la vie des anciens.
« Nous » c’est un très bon livre d’anticipation ! Très juste dans sa vision d’un état faussement intéressé dans le bonheur de son peuple ( l’ouvrage a été interdit de publication en Russie et l’auteur a dû s’exiler à Paris pour fuir la censure ), il nous montre ce que l’avenir peut réserver. La fin du livre fait très froid dans le dos, un peu comme la fin de 1984.
A l’inverse de ce dernier, toutefois, le roman met en scène un anti-héros, qui subit les événements et qui finalement ne remet pas en cause le système, mais uniquement lui-même.
Bref un très bon moment de lecture qui détrône « les buveurs d’océans » en tant que plus vieux livre de SF de ma bibliothèque (et que j’ai bien plus apprécié).
(re)lrecture en cours : « le meilleur des mondes » et « station: la chute ». Miam miam !
Ouh ça donne bien envie… J’aurais bientôt fini Hypérion (oh noooooonnnnnnn), donc il va me falloir du haut niveau pour prendre la suite ! 😉