On me demande souvent pourquoi je collectionne des BD : « Mais à quoi ça sert de les garder ? Tu ne vas pas les relire ! »
J’ai toujours eu du mal à comprendre cette question.
Je relis tout. Souvent. Plusieurs fois. J’ai dans ma bibliothèque de BD uniquement des ouvrages que j’ai envie de relire. Les BD que je ne relis pas, je ne les garde pas, car je ne les ai pas appréciées. Je pense que l’explication vient en partie du plaisir que me procure la lecture. Personnellement, lire est pour moi un vrai moment agréable, un moment à moi, qui me transporte, me fait voyager. Je deviens complètement imperméable à ce qui m’entoure. Pendant la lecture d’un Peter F. Hamilton ( je les ai tous lu, avec un coup de cœur pour « l’Aube de la nuit » et la « Trilogie du Vide », vive Peter), j’en venais à espérer que le train prenne du retard, ou qu’une tempête m’empêche de sortir de chez moi, n’importe quoi qui permette de rallonger mes temps de lecture. Prenant les transports en commun et plus souvent le train que la voiture, j’ai beaucoup de temps pour lire. Je lis en marchant, je lis avant de m’endormir, je lis dans la salle d’attente du médecin. J’aime vraiment ça. C’est de famille, mes parents ont toujours beaucoup lu, mes grands-parents aussi. J’ai toujours été entourée de livres. Petite, après l’extinction des feux, je lisais sous ma couette avec une lampe de poche.
C’est pour moi un vrai besoin, pas seulement une envie. Je lis en moyenne une vingtaine de livres par an, et je ne compte pas les BD.
J’ai beaucoup de mal à finir un ouvrage que je n’apprécie pas ( 1Q84 par exemple, je n’ai pas réussi à finir le tome 2…), et je prends beaucoup de plaisir à relire des œuvres que j’ai aimé. C’est pareil avec un bon film : je revois souvent les films que j’aime bien (« retour vers le futur » doit être le film que j’ai le plus vu dans ma vie). C’est comme une grosse couette dans laquelle on s’enroule au coin du feu, un soir de neige. C’est cosy, c’est confortable, on se sent bien. Comme une soirée entre amis. Comme un bon repas.
Je relis mes livres et je suis contente de retrouver les personnages qui m’ont manqué, de vivre encore une fois avec eux leurs aventures. Parfois j’ai des flashs, je me rappelle une scène d’un livre lu il y a longtemps, et je me souviens du plaisir que j’ai eu lors de la lecture (l’Arbre aux haricots, par exemple, qu’il faut absolument que je relise un jour..). J’ai alors envie de revivre ces moments, et ça justifie bien une relecture. Ça ne remplace pas la découverte d’un nouvel auteur (la 1ère lecture d’un Pratchett, d’un Hamilton, d’un Damasio, d’une Vargas ou d’un Pennac, par exemple…), mais ce sont quand même des bons moments. Ça apporte un bon sentiment de nostalgie, comme lorsque on retrouve un ami que l’on n’a pas vu depuis longtemps.
Cela nous permet aussi de conforter notre avis sur l’oeuvre en question, vérifier qu’on l’apprécie toujours autant, ou a contrario, se rendre compte qu’on l’avait peut être un peu idéalisé..
La relecture permet également de redécouvrir une oeuvre. Lors d’une deuxième lecture, comme lors d’un deuxième visionnage de film, on est moins pressés par la découverte de l’histoire et des aventures des personnages. On peut passer plus de temps à savourer les mots, les descriptions des lieux, des personnages, on va plus s’attacher aux personnages secondaires. Comme dans un film, on va voir des détails qui nous ont échappé la première fois, dans notre urgence à connaître la fin.
Comme l’a dit Gabriel Garcia Marquez : « Je n’ai jamais oublié qu’on ne devait lire que les livres qui nous obligent à les relire »…
Par contre ça pose quelques problèmes de place….
Je comprends complètement ton approche et la manière dont tu parles de la lecture fait envie. J’aime aussi beaucoup me plonger dans une histoire, vivre un peu avec ses personnages, être tenue en haleine par leurs péripéties… Je n’aime pas non plus lire livres et BD qui ne me prennent pas au corps de cette manière, je laisse souvent tomber si l’alchimie n’a pas lieu.
Par contre je relis très très rarement un bouquin, nettement plus souvent une BD. Je pense que c’est à cause du temps que cela prend. J’ai déjà l’impression de courir toujours après lui (ok j’ai des choses à mieux organiser, mais bon). Je ne me sens pas prête à relire un bouquin au détriment de la découverte d’un nouveau. Une BD, un film, ça demande moins d’investissement en temps donc je le fais plus facilement.
Merci pour ton partage en tout cas, c’est agréable à lire et ça fait réfléchir ! 😉
D’accord avec toi, le manque de temps est un vrai problème. Mais je ne peux pas m’en empêcher. Je viens tout juste de recommencer « le comte de Monte-Cristo », ça fait un moment que ça me trottait dans la tête, et c’est vraiment trop chouette comme histoire…