« Le Grand Bain » est un film réalisé par Gilles Lellouche, co-scénarisé par lui et Ahmed Hamidi.
Dans une petite piscine municipale, 7 hommes se retrouvent toutes les semaines pour s’entraîner à un sport relativement méconnu : la natation synchronisée masculine. Chacun traîne avec lui son histoire assez banale, et un peu déprimante. On trouve dans cette équipe un homme qui vit un burn out depuis deux ans, un « jeune » de 38 ans qui a du mal à vieillir, un gars qui se sent seul, un mari violent qui a des problèmes avec sa mère, un vieux rockeur qui vit misérablement de son rêve, ou encore un homme qui en est à son quatrième dépôt de bilan. Sous la houlette de leur entraîneuse qui n’est pas très en forme non plus, ils décident de s’inscrire aux jeux olympiques de natation synchronisée masculine.
Le film traite des petites et grandes choses du quotidien : le mal-être au travail, la famille, l’hérédité, la solitude, la difficulté de joindre les deux bouts, les relations amoureuses, l’acceptation ( ou plutôt la non acceptation de soi ). On se retrouve tous un peu dans chacun des personnages, dans leurs lâchetés, leurs courages, leurs peurs, leurs espoirs. Sans jamais verser dans le pathos, le film nous montre plein de scènes de vie vraisemblables, portées par des acteurs très justes. Il y a à la fois des scènes émouvantes, touchantes, et des scènes très drôles, souvent amenées par Poelvoorde et Katerine.
Ce film nous montre des gens finalement normaux, qui se sentent mal dans notre monde normé où on doit rentrer dans des cases, parce qu’à un moment ils sont sortis de ces cases, et ne savent pas comment y rentrer à nouveau. Et Marina Foïs dit ça beaucoup mieux que moi ici.
Parlons-en un peu des acteurs d’ailleurs : ils sont vraiment excellents. J’ai découvert Mathieu Amalric que je ne connaissais pas et qui joue incroyablement bien le mec dépressif et paumé. Que ce soit Guillaume Canet, Benoit Poelvoorde, Philippe Katerine (qui n’ont pourtant plus rien à prouver) ou Felix Moati, ils sont tous très justes dans les personnages qu’ils incarnent. Canet notamment est vraiment poignant dans son rôle. Les rôles féminins ne sont pas en reste. Virginie Effira campe une ancienne alcoolique très attachante, Leïla Behkti est très drôle, et Marina Foïs…. est Marina Foïs. Je ne serai jamais objective avec cette actrice, mais elle est parfaite dans son rôle, et arrive à nous transmettre des émotions par de simples regards.
D’un point de vue performance d’acteurs, passer la moitié du film en slip ne doit pas être très évident, c’est aussi à mettre à leur crédit (ils se sont quand même entraînés pendant 7 mois deux fois par semaine…) !
Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce film, c’est qu’il ne tombe pas dans la facilité. Non, le fait de faire de la natation synchronisée ne va pas changer leur vie. Ils ne vont pas d’un coup être heureux, trouver l’amour, devenir un mec sympa, réussir leur vie. Mais l’amitié, le travail en équipe, l’honnêteté envers soi et envers les autres peut être une première étape vers un mieux vivre, vers l’acceptation de soi …
On a donc un très chouette feel-good-movie bien joué, bien réalisé, et tourné à Grenoble avec ses belles montagnes et ses rives de l’Isère. Bref, que du bon !