« La Parenthèse »est un récit intimiste, autobiographique, racontant la maladie de Judith, une jeune femme de 22 ans.
Une vraie parenthèse, car cette maladie va beaucoup lui prendre: mémoire, savoir, connaissance, capacités intellectuelles… Son épilepsie et la tumeur qui l’accompagne vont d’abord commencer par lui provoquer des absences, sans qu’elle garde le souvenir de ces absences. Puis la maladie va empirer…
Ce récit est superbe, et très poignant. Il est écrit sous forme de lettre, Judith s’adresse à sa mère, on retrouve à la fois ses pensées avant sa maladie, pendant, après, mais également des témoignages que l’on sait venir de sa famille, de sa maman principalement. Nous voyageons avec elle le long de ses souvenirs , de ses douleurs, de sa détresse, et de celle de sa famille. Nous partageons sa peur, aussi, omniprésente, et son déni face à ce qui lui arrive.
Le dessin est en noir et blanc et particulièrement expressif: pas de schéma classique de cases, ni de bulles. Celles-ci sont principalement présentes quand l’auteur fait parler ses personnages, mais pas lorsque elle-même raconte: les pensées internes de Judith ne sont pas dans des bulles, elles sont écrites directement dans la case, sans limites. Certains passages avec beaucoup de tensions sont illustrés par des dessins faits par l’auteur entre 1995 et 1997, pendant les phases les plus dures de la maladie, et nous permettent de comprendre d’autant plus les sentiments qui étaient les siens à cette époque.
Une des grandes qualités de l’ouvrage, c’est que l’auteur n’essaie jamais de nous tirer les larmes. On ne tombe jamais dans le pathétique ni l’apitoiement. Le récit qui est fait se contente de raconter, cliniquement, ce qu’il s’est passé, ce qui a été ressenti, ce qui a été mémorisé, parfois en pointillé.
Un très beau récit.