La couturière est un roman de l’auteure américaine Frances de Pontes Peebles.
Ce roman nous raconte l’histoire de deux sœurs très différentes, Emilia et Luzia, qui vivent dans la région du Nordeste du Brésil, dans un petit village reculé des montagnes, à la fin des années 20. Elles sont toutes deux élevées par leur tante à la mort de leurs parents. Cette dernière leur transmet son métier de couturière, afin de leur assurer un avenir. Emilia, l’aînée, est douce, féminine, romantique, et rêve de rencontrer le prince charmant qui l’emmènera loin de son village, dans une grande ville. Luzia est réservée, plus sauvage et rebelle depuis sa chute d’un arbre qui a failli lui coûter la vie et qui a laissé un de ses coudes déformé. Lors d’un passage des cangaceiros (bandits de la région) dans la ville, Luzia se fait remarquer par le chef de la bande, surnommé le Faucon, qui l’emmène avec eux. La vie des deux sœurs va alors prendre pour chacune un tournant décisif : une vie citadine pour Emilia, qui finit par épouser un homme de la haute société de Recife, et une vie de bandit pour Luzia, avec l’ensemble des cangaceiros.
Le livre est admirablement écrit, et passionnant ! C’est un pavé de 850 pages qui se dévore sans problèmes, notamment grâce au parti pris pour la construction du livre : on commence par la fin de l’histoire, en janvier 1935. Ensuite, les événements nous sont racontés alternativement par les points de vue de chacun des sœurs. On suit en alternance quelques mois de la vie de chacune des deux femmes, depuis le mois de mars 1928 jusqu’en janvier 1935. Avec Emilia on découvre la « bonne » société de Recife, les mœurs de ces grandes familles riches et rivales, et la place de la femme de la société brésilienne. En suivant Luzia, on apprend le mode de vie des cangaceiros à l’époque et le fonctionnement du système politique de l’arrière pays brésilien. En plus des histoires de ces deux femmes, et qui les lie l’une à l’autre, nous est racontée l’Histoire du Brésil dans cette région. Si le roman reste une oeuvre de fiction il est basé sur des faits historiques. On apprend ainsi la révolution de 1930, la sécheresse de 1932 et l’exode qu’elle a entraîné, le droit de vote accordé aux femmes etc…. On voyage donc à plusieurs titres dans ce livre : dans l’histoire de la vie de chacune des sœurs, et dans l’histoire brésilienne.
Le destin des sœurs va toujours nous surprendre, chacune d’elle évoluant au fil du livre et du temps qui passe pour devenir quelqu’un d’inattendu.
Ce n’est un roman très gai, mais l’amour que ces deux femmes se portent est très beau et apporte une vraie lumière au livre. Personnellement j’ai pris autant de plaisir à lire chacune de leurs histoires : le combat d’Emilia contre sa belle famille et pour se faire accepter de la société de Recife, puis pour s’émanciper, et le combat permanent de Luzia pour sa survie dans l’enfer de la caatinga en pleine période de sécheresse.
Un très bon moment de lecture (surtout après avoir été un peu déçue par ma lecture précédente…) et un livre que je conseille à tous ceux qui aiment les grandes fresques humaines et historiques.
Seul petit bémol dans ma lecture, la traduction a eu quelques ratés et on se retrouve avec quelques « Emilia » à la place de « Luzia » et inversement… Si on comprend sous soucis que ce sont des erreurs, ça vient momentanément gêner la concentration et le suivi de l’intrigue.